Accueil A la une Un gouvernement jugé incompétent : Le forcing nahdhaoui n’est pas passé

Un gouvernement jugé incompétent : Le forcing nahdhaoui n’est pas passé


Maintenant s’ouvre, dans certains délais heureusement plus restrictifs, la seconde opportunité prévue par la Constitution, la désignation par le chef de l’Etat de la personnalité politique la plus apte à former un gouvernement doté d’un programme convaincant capable d’obtenir le suffrage des députés. Et il revient donc au Président Saïed de démarrer une large consultation des partis, groupes parlementaires et personnalités nationales en vue d’identifier «l’oiseau rare» d’un autre type.


Les députés étaient, hier, en grand nombre, lors de la plénière devant statuer sur la recevabilité du gouvernement Habib Jemli proposé. La séance ayant débuté, lors de l’appel, à 188 présents.
Et la grande majorité des interventions a tenu à critiquer fermement le projet de gouvernement dans tous ses aspects, que ce soit au niveau de la compétence des titulaires proposés pour la plupart des ministères que de l’intégrité de certains, ainsi que pour ce qui est de la capacité du mentor à manager l’équipe autour d’un programme de gouvernement novateur et crédible pouvant corriger toutes les failles et tous les déficits accumulés depuis 9 années.

Parlant au nom de l’alliance Attayar et Echaâb, le député Zouhaïr Maghzaoui a dénoncé un «résumé de programme» qui n’en est pas un et qui évite minutieusement les «sujets qui fâchent», comme ce que Jemli prévoit avec le FMI, quelles sont les intentions de son équipe à l’égard de la question de l’«indépendance» de la Banque centrale, que prévoit ce gouvernement vis-à-vis de l’Union européenne : quel est son bilan à propos de l’accord stratégique de 1995 et que compte-t-il faire de l’Aleca ?

Mais le désaccord qui a fini par conduire à l’échec des négociations avec Habib Jemli est intervenu suite à de nombreux compromis et ententes sur le titulaire du ministère de l’Intérieur et le passage de la police judiciaire sous le contrôle du ministère de la Justice, promis à Attayar, ainsi que l’affectation d’une personnalité proche de l’alliance Attayar-Echaâb au ministère de la Réforme administrative. La rupture est intervenue lorsque Jemli s’est mis à citer les nombreux ministères qu’il tenait à contrôler personnellement par le biais de «compétences indépendantes» en qui il avait confiance. D’où, après la rupture des négociations, l’extension de la démarche dans le sens d’un gouvernement entièrement composé d’«indépendants».

A l’Assemblèe, les débats n’ont cessé de s’intensifier d’heure en heure avec le recours à des accusations sévères et agressives, opposant notamment le mouvement Echaâb et des nahdhaouis notamment proches de Ghannouchi. C’est ainsi que Mohamed Goumani, après des critiques sévères à l’adresse de l’équipe concoctée par Jemli, a appelé à voter la confiance pour sortir le pays de la situation d’instabilité.
Invité de Radio Med, au moment même où l’ARP débattait de la confiance à Jemli, le député d’Ennahdha Samir Dilou n’a pas écarté la possibilité que des groupes tentent d’acheter les voix de députés au sein de l’Assemblée pour faire basculer le vote de confiance au gouvernement Habib Jemli. « Je n’ai rien vu de tel à l’ARP, ce matin, a-t-il déclaré, mais cette pratique a existé, ces dernières années, et pas seulement au niveau d’un vote ».

De son côté, le président de Qalb Tounès a affirmé qu’il ne s’agissait, selon lui, que d’un « bluff, nos députés ne sont ni à vendre ni à acheter ». Et Nabil Karoui d’affirmer que le gouvernement Habib Jemli n’a aucune chance de passer. «Nous sommes irréprochables et notre intégrité n’est plus à prouver, nous tenons à nos principes et à la morale, et ce gouvernement ne passera pas». D’autant plus que les partis de Chahed et de Karoui semblent désormais coordonner leurs positions, depuis que les deux anciens «frères ennemis» se sont réconciliés. En tout cas, les deux groupes parlementaires ne cessent de répéter qu’ils ne soutiendront pas le gouvernement Jemli.

Une dernière réunion a groupé Ghannouchi et Karoui, hier, au siège de l’Assemblée, suite à une déclaration du président de Qalb Tounès réaffirmant que son parti ne votera pas la confiance au gouvernement proposé.
Karoui a, par ailleurs, appelé Habib Jemli et le président du Conseil de la choura d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni, à «respecter la volonté des électeurs» et à penser à «tous les Tunisiens démunis qui attendent l’installation du gouvernement». Nous renvoyant à son programme d’éradication de la pauvreté alors mené par son association «Khalil Tounès» puis repris par son épouse, dans le cadre de la campagne électorale présidentielle, alors qu’il était en prison.

Le forcing mené par Ennahdha et les tractations de dernière minute conduites par Rached Ghannouchi en personne n’ont pas réussi à endiguer la puissance de la réprobation de la grande majorité des groupes parlementaires de l’ARP, dont seuls Al Karama et Ennahdha soutiennent le gouvernement Jemli.
Le vote de confiance ne pouvait manifestement pas être favorable à l’équipe choisie par le candidat d’Ennahdha. Et le résultat tomba.
Maintenant s’ouvre, dans certains délais heureusement plus restrictifs, la seconde opportunité prévue par la Constitution, la désignation par le chef de l’Etat de la personnalité politique la plus apte à former un gouvernement doté d’un programme convaincant capable d’obtenir le suffrage des députés.
Et il revient donc au Président Saïed de démarrer une large consultation des partis, groupes parlementaires et personnalités nationales en vue d’identifier «l’oiseau rare» d’un autre type.

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Un commentaire

  1. Wassim

    12 janvier 2020 à 16:14

    Parler de « nahdhaouis » comme le fait l’auteur de cet « article » prouve à quel point la Presse (comme infiniment d’autres) nourrit un complexe idéologique dépassé…

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